À l’heure des changements climatiques d’origine anthropique, la hausse de températures moyennes soulève des enjeux environnementaux et, par conséquent, des enjeux de santé humaine.
photo: TC Média
Ces enjeux affectent particulièrement les citoyens résidant en milieu urbain où la présence d’îlots de chaleur est notoire.
L’Est de l’île-de-Montréal est connu pour ses centres d’achat et leurs mers de stationnement, ses parcs industriels très minéralisés, ses grandes artères peu accueillantes pour les piétons et les cyclistes. Plusieurs quartiers sont également enclavés par les infrastructures autoroutières et ferroviaires, ce qui complique notamment l’accès aux espaces verts pour la population. Parallèlement, les terrains résidentiels adjacents à ces espaces minéralisés sont souvent occupés par des populations défavorisés sur le plan socio-économique.
En 2016, le Centre intégré universitaire en santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est de l’Île de Montréal a diffusé des informations qui révèlent que l’espérance de vie des résidents de l’Est de Montréal est raccourcie de neuf ans par rapport aux personnes vivant dans l’Ouest de l’île.
Bien que cette réalité soit multifactorielle, la qualité du milieu de vie fait partie des réponses pour combler cet écart. C’est ainsi que le CRE-Montréal a appelé à la mobilisation rapide des décideurs et des entreprises pour verdir, faire disparaître les îlots de chaleur, créer un grand parc et repenser l’aménagement des milieux de vie pour plus de convivialité. La campagne ILEAU qu’il coordonne a pour objectif de participer concrètement à ces efforts collectifs d’amélioration des conditions de vie des résidents et travailleurs de l’Est de Montréal.
Voici un condensé des bienfaits du verdissement sur la santé des individus dans les quartiers ayant un déficit de verdissement :
- propices à la pratique d’activité physique, ils auraient des effets positifs sur la réduction de l’obésité, de l’embonpoint et de la morbidité associée à cette condition ainsi qu’à celles d’autres maladies
- ils produiraient des bienfaits au chapitre de la santé mentale (réduction des symptômes de dépression, du stress) en plus de procurer un sentiment de bien-être à leurs utilisateurs
- ils favorisent la pratique de la marche chez les personnes âgées, ce qui réduit les risques de problèmes de santé chroniques
- les enfants en retirent les mêmes bénéfices, tant sur le plan de la santé physique que celui de la santé mentale, notamment en ce qui concerne le trouble du déficit de l’attention
- lieux de rencontre, ils contribuent à briser l’isolement social et tendent à diminuer la criminalité dans les quartiers
- par le truchement de l’agriculture urbaine, comme le jardinage communautaire, ils offrent la possibilité d’adopter un mode de vie plus sain et de favoriser une plus grande sécurité alimentaire
Le verdissement des quartiers a également des répercussions positives sur le plan social :
- les espaces verts favorisent les échanges sociaux entre voisins, car ils rendent l’expérience piétonne plus agréable et augmentent les possibilités de rencontre
- les espaces verts ont un impact positif sur la diminution du caractère criminogène des quartiers
- la biodiversité des espaces verts influence indirectement la santé
- les espaces verts améliorent la justice environnementale, principalement dans un contexte où l’Est de Montréal présente un déficit par rapport à l’Ouest de l’île
À ce sujet, la liste d’initiatives qui pourraient être citées en exemple est longue. Récemment lauréat dans la catégorie OBNL, associations et regroupements du Gala de reconnaissance environnement et développement durable organisée par le CRE-Montréal cette année, le projet Vert l’harmonie est porteur de transformations sociales et environnementales majeures. Toutefois, nous aimerions vous parler de La Voisinerie, une initiative des résidents des immeubles de la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM) à Montréal-Nord.
Ce projet de 3 570 mètres carrés est l’aboutissement d’une volonté commune de lutter contre l’îlot de chaleur et de redonner l’espace public aux citoyens dans ce secteur particulièrement appauvri et vulnérable de Montréal-Nord. L’idée de cette vaste opération de verdissement et d’appropriation du quartier par ses résidents est donc née de la mobilisation des citoyennes et citoyens de l’Îlot Pelletier qui aspiraient à vivre un sentiment de bien-être et de sûreté chez eux. La transformation d’un espace de stationnement en place verte citoyenne mise en œuvre par Parole d’excluEs et le RCIP, en collaboration avec la SHAPEM, soit le propriétaire des lieux, contribue de ce fait à l’amélioration des conditions de vie des résidents. Plus qu’un projet, la Voisinerie est une approche qui s’intègre dans une vision plus large tournée vers un partage de l’espace public et le développement de relations qui transcendent les cultures et les générations. Enfin, la Voisinerie, qui apporte sa pierre à la construction d’un nouveau mode de vie, prend ses racines du mouvement de mobilisation mis en terre par Parole d’excluEs afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.