Biodiversifiez votre quartier avec nous!

Verdir son balcon, son terrain, sa ruelle, son stationnement… Est-ce une bonne façon d’augmenter la biodiversité de son quartier? « Oui, chaque geste peut faire une différence, surtout si l’on respecte certains principes d’écologie et d’aménagement », répond Charles Bergeron, stagiaire au CRE-Montréal.

Alors qu’ILEAU planifie son été 2018, ses partenaires s’affairent présentement à localiser les sites les plus stratégiques pour lutter contre les îlots de chaleur, consolider une trame verte et bleue active, et protéger la biodiversité urbaine dans l’est de l’île. Dans le cadre de son stage de maîtrise, Charles Bergeron, étudiant en gestion de la biodiversité à l’Université de Montréal, contribue à l’analyse du territoire.

Un territoire fragmenté
« Quand on regarde la carte de Montréal, on se rend aisément compte de la forte fragmentation des milieux naturels », fait observer l’étudiant. Les routes, voies ferrées, stationnements et autres emprises créent des séparations physiques entre les boisés, les friches et les milieux humides répartis sur l’île. Résultat ? Réduits en superficie et exposés à diverses nuisances (bruit, pollution, surutilisation ou vandalisme), les îlots de nature persistants s’appauvrissent, perdent en résilience, et peuvent devenir de véritables eldorados pour les espèces exotiques envahissantes.

Par ailleurs, ces obstacles physiques sont autant d’entraves à la mobilité des espèces. « Dans un contexte de changements climatiques, il est important de favoriser la capacité des espèces végétales et animales à migrer et à coloniser les milieux qui, sous un nouveau climat, leur seront plus favorables. »

Comme des îles…
Pour Charles, les îlots de nature disséminés sur le territoire montréalais sont comparables à des îles, et la théorie écologique qui explique la biodiversité insulaire s’applique en contexte urbain. En gros, la théorie dit ceci : Plus une île est vaste, plus elle présente des habitats diversifiés et plus elle est située près du continent, meilleures sont les chances que cette île capte et retienne un grand nombre d’espèces végétales et animales. De manière analogue, les espaces verts de la ville, en fonction de leurs caractéristiques, sont plus ou moins aptes à héberger une grande diversité d’espèces.
Dans le cadre d’ILEAU, les sites désasphaltés et verdis sont en quelque sorte des îles créées sur mesure. S’il s’agit souvent de projets de petite superficie, il semble néanmoins qu’on soit en mesure de favoriser la biodiversité en jouant sur le paramètre de la distance. « J’ai colligé le maximum d’informations sur la biodiversité des espaces verts dans l’est de Montréal, explique Charles. Ce faisant, j’ai identifié les lieux qu’on peut considérer comme des « continents », c’est-à-dire des réservoirs de biodiversité, susceptibles d’ensemencer les projets qui seront réalisés dans le cadre d’ILEAU. »

Autre manière de déjouer la faible superficie des projets : en réaliser le plus grand nombre possible! Bref, à défaut de bâtir une grande île, aménager un archipel de petites îles aux habitats de bonne qualité apparaît comme une stratégie gagnante. Procéder de la sorte ne permet pas seulement d’étendre la superficie des habitats propices à un grand nombre d’espèces, mais peut également renforcer la connectivité entre des milieux naturels disjoints.

Miser sur la qualité des habitats
« Tout ce qui est vert n’est pas nécessairement riche en biodiversité », fait par ailleurs remarquer l’étudiant. D’après les données qu’il a colligées, certains parcs urbains gazonnés ne sont pas aussi riches que certaines friches, qui jouent un rôle protecteur et nourricier très important pour plusieurs espèces végétales et animales. « C’est pourquoi il importe de concevoir des aménagements aptes à accueillir une grande diversité d’espèces, ou des aménagements qui vont venir enrichir « l’offre d’habitats » dans un secteur donné. »

Concrètement? Dans certains cas, on pourra se contenter de planter des arbres; dans d’autres cas, il sera approprié d’envisager l’installation d’un réservoir d’eau de pluie, ou la plantation de fleurs mellifères ou de végétaux de prairie. On pensera à complexifier la structure d’un milieu boisé en plantant des essences atteignant différentes hauteurs, des arbustes fruitiers, des conifères. On pourra également penser à inclure des abris et des mangeoires à son aménagement : « Des abris pour les oiseaux, mais aussi pour les insectes et les chauves-souris ».

Enfin, il existe aussi sur le territoire d’intervention d’ILEAU des milieux naturels qui demandent une attention et des soins particuliers. Certains boisés et certaines friches, très riches en habitats et en espèces, sont vulnérables en raison de leur petite superficie et de leur insertion sans transition dans une zone fortement urbanisée. Pensons ici au mince ruban boisé du Boisé-des-Pères, véritable relique de vieille forêt, ou encore à la jeune friche arbustive du Boisé-Jean-Milot, encore utilisée par certains comme dépotoir spontané. Ces deux sites pourraient sans doute profiter de l’aménagement de zones tampons. Certains projets soutenus par ILEAU pourraient être conçus dans cet esprit.

La richesse insoupçonnée de la biodiversité
« La biodiversité est une chose tellement précieuse, on en prend rarement pleinement conscience », ajoute l’étudiant. En effet, un écosystème diversifié est un écosystème en santé, et c’est là quelque chose qui profite grandement aux humains : régulation locale du climat, dépollution, régulation de la circulation de l’eau, pollinisation, etc. Selon une étude de 2014, la valeur des services fournis par les écosystèmes de la grande région montréalaise s’élèverait à… 2,2 milliards de dollars par année! Et c’est sans compter la valeur culturelle et patrimoniale de nos îlots de verdure, de nos paysages, et des espèces qu’ils abritent.

Voilà de bonnes raisons, en fin de compte, pour accorder une place de choix à la biodiversité dans nos prochaines actions de verdissement! Si vous avez des questions à ce sujet, Charles et l’équipe ILEAU se feront un plaisir de vous répondre.